25 septembre 2012

Orchha et hôpital de Jhansi


Après Agra j'ai pris un train pour Orchha, une petite bourgade parsemée de temples et de palais. J'ai trouvé une guesthouse excentrée à 5 min à pieds du centre qui me permettait d'être au calme et de jouir d'une magnifique vue surplombant tout le village. 

Je me souviendrais d'Orchha surtout parce que j'y ai fait ma première allergie alimentaire en Inde.

Je discutais tranquillement avec un autre voyageur israélien en attendant mon diner. J'avais commandé un curry à la tomate et aux pommes de terre, rien de plus simple et surtout j'avais bien dit depuis deux jours au cuisinier " pas de cacahuète etc".Malheureusement dès la première bouchée j'ai senti que j'étais allergique à ce que je mangeais.



Le cuisinier répète qu'il n'a pas mis de cacahuètes ni autres noix, alors croyant que je faisais une allergie croisée à un ingrédient inconnu je lui demande de détailler les ingrédients qu'il a utilisé et il me dit seulement tomates, pommes de terre et épices.


Bref,je monte dans ma chambre et je prends mes premiers médicaments qui permettent de stopper ou minimiser du moins l'allergie. Comme d'habitude j'attends quelques minutes et là je sens que ma gorge gonfle à l'intérieur. Je leur explique donc je dois voir mmédiatement un médecin au cas où je dois faire mon injection Anapen pour arrêter l'oedeme de Quincke.


Le staff de la guesthouse n'est pas conscient de la gravité de la situation, seul le jeune israélien savait qu'il était question de vie ou de mort, et les a vraiment forcé à chercher un médecin. C'est alors qu'ils commencent tous à paniquer, à courir à droite à gauche et à passer des dizaines de coup de fils.
Au départ il voulait m'enmener en moto voir le médecin du village LOL j'ai refusé. Le médecin arrive enfin au bout d'une vingtaine de minute. Il a dans la main un antistaminique, or j'en ai déjà pris un. 


Je lui explique qu'on l'a appelé dans le but d'avoir une surveillance médicale et qu'il soit prêt à me faire l'injection. A ma grande surprise il dit qu'il ne sait pas faire d'injection... Il ne devait surment pas être médecin...
Le gérant demande une nouvelle fois au cuisinier ce qu'il a mis dans son plat, et cette fois ci le cuisinier avoue qu'il a rajouté un peu de cacahuète écrasée pour donner plus de gout à son plat... 
D'un côté ça m'a rassuré, enfin plus ou moins, sur le fait que je ne faisais pas d'allergie croisé à un ingrédient mystère.Mais bon quand il est question de cacahuète je peux faire une allergie mortelle. 

Dans ce cas, pas le choix, je dois aller à l'hôpital le plus proche. Le gérant de la guesthouse nous trouve un taxi pour nous enmener à Jhansi, à 45 minutes. Tous les membres de la guesthouse et même des gens inconnus voulaient monter avec nous dans la voiture. 
Le chauffeur commence à conduire comme un malade, je lui dis de se calmer ce n'est pas la peine d'avoir un accident. En chemin je vomis mes médicaments, réaction normale de l'allergie : évacuation! Je n'ai plus d'autre choix que d'avoir l'antistaminique et les stéroides en injection à l'hopital.
On arrive à l'hopital, le hall ressemble à un hall de gare indienne avec des gens étalés partout par terre. On trouve rapidement un médecin dans une salle pleine.


Au départ je n'ai reconnu que l'infirmière car elle avait une blouse blanche et une piqure entre les mains. Mais impossible de distinguer le médecin des autres personnes. Il est habillé en civil. 

J'explique au médecin la situation avec mon papier qui montre que je suis allergie à l'arachide et que je fais une réaction. Ils voulaient me piquer debout devant tout ce monde, j'ai demandé d'être au moins dans une salle à part, et assise...

Ils me mettent à l'entrée d'une salle donnant sur le couloir bondé de patients, à côtés de moi des gens alcoolisés, une femme brulée au visage etC. Le lit n'a pas de drap et au niveau de la tête il y a un trou énorme.
L'infirmière me demande de tendre le bras et de compresser "moi même" au niveau l'artère, ils ont même pas de gareau. En même temps l'Israélien demande aux gens autour de moi de sortir. Oui car les indiens sont très curieux et viennent en famille à l'hopital donc j'avais une vingtaine de personnes tout autour en train de m'admirer, limite s'ils ne me prenaient pas en photo avec leur portable.
Après évacuation des curieux, l'infirmière me fait la première injection à un bras, puis pour le second bras elle demande à l'israélien de le compresser. Malheureusement elle ne trouve pas la veine, je lui dis de me piquer sur la main. Maintenant que j'ai les injections je dois juste me relaxer pour la crise passe et ne dégénère pas.
Je me suis rendue compte que si mon cas s'aggravait, je ne pense pas qu'ils auraient été capables de gérer la situation. Je devais donc prier pour que ça ne s'aggrave surtout pas. En Chine lors de ma dernière allergie à Xi'an je pense que les conditions sanitaires étaient même encore pires; mais au moins, le personnel était compétent, ils controlaient la situation. C'était pas un vrai bazard.

Personne de l'hopital n'est venu me voir pendant les heures où je me reposais alors que je devrais restée sous surveillance. Au bout de deux heures, sentant que l'intérieur de ma gorge était redevenu normal et que je pouvais respirer normalement, j'ai cherché à voir le médecin.
Un autre homme débarque, se disant médecin chef du service et me demande ce que j'ai. Rien non plus ne le distingait d'un quelconque patient. Comme j'ai vu beaucoup pendant ces deux heures, des gens curieux qui me demandaient ce que j'avais alors qu'ils ne travaillaient pas à l'hôpital,il y a même l'oncle du gérant de mon hotel qui a aussi fait le déplacement...
Donc je n'ai pas cru cet homme qui se disait médecin chef. Je lui ai répondu que s'il est le chef du service il devrait savoir au moins pourquoi je suis ici, avoir un rapport ou une fiche. Rien du tout. Je lui demande de voir celui qui m'a prescrit les injections.
Le premier médecin arrive, les yeux rouges; il avait l'air drogué ou bourré. Je lui demande si je dois y aller, il me répond "tu rentres chez toi si tu veux, ou tu restes ici, tu fais comme tu veux" et se met à rire.
Avec Roy, l'Israélien, on lui dit que c'est à lui d'aller voir un médecin, il a pas l'air bien. Il nous a répondu qu'il n'avait pas dormi depuis une semaine c'est pour ça qu'il est dans cet état.
On sort donc de la salle pour retourner voir le soit disant médecin chef, bien installé dans son bureau avoir une vingtaine de personnes debout autour de lui. Je demande au médecin si je peux m'en aller et s'il doit me donner quelque chose à prendre pour les prohcaines 48h... Alors là c'était le pompon, il me répond: " Mademoiselle, j'ai compris ce qu'il vous est arrivé, vous avez mangé un plat et il y avait de la cacahuète dedans alors que vous êtes allergique, c'est écrit sur votre petit papier" LOL et il a continué " la prochaine fois ne mangez pas de cacahuète" Quelle révélation, c'est homme est géni...je lui dis que ca fait 15 ans que je le sais, que c'est moi qui est fait traduire la feuille en hindi, qu'il ne m'apprend rien et je suis partie.
J'ai passé une bonne nuit de récupération, mon allergie était passée. Elle était aussi forte que la dernière que j'avais faite à Paris il y a 2 ans.
Heureusement que j'ai toujours mes médicaments d'urgence sur moi, que je connais les différentes étapes d'une crise et comment les gérer plus au moins. Mais dans ces conditions extrêmes, le plus important c'est de rester calme, malgré tout le chahut bahut autour de soi et malgré l'incompétence ou désorganisation des hopitaux locaux.
Je remercie grandement Roy, qui m'a accompagné durant cette épreuve, lui était beaucoup plus stressé et choqué que moi au final. Avec les effets de la crise, je n'étais tout à fait consciente pour voir les conditions de l'hôpital et je me concentrais surtout sur mon cas. Mais lui était vraiment choqué. Je lui dis qu'heureusement il n'était pas passé aux WCs car les lavabos étaient pleins de sang et autres choses humaines dont j'ignore ce que c'étaient...

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