22 août 2012

Direction Cachemire

Après une très courte nuit parce qu'avec les jeunes français nous avons joué aux cartes jusqu'à 4h, je devais me rendre sur la route en contre bas du village avant 7h pour essayer d'attraper une jeep au passage.

J'ai 2 possibilités pour me rendre à Srinagar depuis Dah:

  • retourner sur mes pas jusqu'à Kalsi, et prendre un bus ou jeep jusqu'à Kargil et je mettrais au moins 8h, et je ne suis pas sûre par la suite de pouvoir prendre une des jeeps à Kargil qui partent à 14h pour Srinagar.
  • ou bien prendre une jeep dans l'autre sens, emprunter la route interdite aux étrangers puisque passant dans la zone de contrôle indo pakistanaise et je ne mettrai que 2h30 pour rejoindre Kargil, ce qui me laisse tout le temps d'arriver avant à 14h.


Le Hic c'est qu'il y a très peu de passage... normalement il y a au minimum une jeep qui passe par Dah entre 7h et 8h, sauf que ce jour-là après une heure d'attente, rien, le désert... un autre villageois avec sa cargaison d'abricots attend tout comme moi. Il me dit au bout d'une heure, que la jeep ne passera surement pas et qu'il faut revenir demain. PAS QUESTION.




Cinq minutes plus tard, je vois une file de 5 camions citernes Indian Oil à l'approche, en direction de la route interdite...J'arrête le premier camion et découvre un chauffeur d'une cinquantaine d'années de religion Sikh, facile à reconnaître avec leur turban. Je lui dis que j'attends depuis une heure et pas de jeep, est ce qu'il peut m'enmener? Après un petit temps de réflexion, il a approuvé, à mon plus grand soulagement.








J'étais très bien installée à l'avant et comme le chauffeur connaissait bien la route, avant chaque poste de controle militaire, il me faisait signe de me cacher. Tout au long de la route il y avait au moins une dizaine de postes, à aucun moment on ne m'a repérée. J'ai trouvé cela amusant et surtout que je savais que les soldats n'allaient rien me faire. Je leur aurais dit que je suis souffrante et que j'ai besoin d'aller à la ville la plus proche pour me faire soigner.

Le chauffeur très sympathique me passait sa fille constamment au téléphone qui habite Jammu et ca lui faisait plaisir de converser en anglais. Nous nous sommes arrêtés à mi chemin pour boire le thé que les 5 chauffeurs m'ont gentiment offert. Ils sont tous Sikh, c'est une affaire de famille.
La route interdite n'a pris que 3h30 pour arriver à Kargil avec les camions. Elle est superbe, les panoramas sont magnifiques, mais la route est très très chaotique, les chauffeurs sont vraiment des experts. Imaginez-vous conduire avec un camion citerne sur une route de montagne large d'une seule voie et pas goudronnée, sans barrière de sécurité?


Le camion m'a déposé à une demie heure du taxi stand, ce qui m'a permi de voir que je pouvais quand même marcher avec mes sacs, 20kg sur le dos, au moins 30 minutes sous le soleil. Kargil marque pour moi le passage entre une région bouddhiste qu'est le Ladakh et une région à dominance musulmane qu'est le Cachemire. J'ai du attendre 3h dans cette ville peu hospitalière; ce n'est finalement qu'un carrefour routier entre le Ladakh, le Cachemire et le Zanskar.

D'ailleurs je fais une parenthèse, le Zanskar c'est la région où a été tourné l'épisode de Rendez-vous en terre inconnue avec Gilbert Montagné il y a 4 ans. Un guide à Leh nous a même dit que Frédéric Lopez et son équipe étaient à Leh quelques jours auparavant pour retourner au Zanskar et voir les familles du tournage.

14h départ de la Jeep partagée avec des locaux. La route est superbe et dangereuse, on traverse le Grand Himalaya, on aperçoit des épaves de véhicules dans la rivière ou en contrebas de la vallée. La route longe les terrains d'affrontement entre les 2 pays frontaliers.

Dras
On passe notamment par Dras, village bombardée pendant la guerre en 1999. Je ne compte plus les bases militaires le long de la route. Juste avant de passer le Zoji La, col à 3529 m, nous restons bloqués au moins 1h30, le temps de dégager la route à la dynamite après un éboulement, chose quotidienne sur cette route. Ca m'a permi de sympathiser avec un groupe de motards indiens et des militaires.








La descente est spectaculaire surtout que la nuit commençait à tomber.
Nous avons du nous arrêter à Sonamarg pour diner, ramadan oblige ( réf article 70 jours en Inde).
Je n'ai rien pu voir des deux heures restantes de route puisqu'il faisait nuit noire.




1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je suis impressionnée par ton récit!
Et même si je pars aussi la bas bientôt, je me sens juste incapable de faire un tel périple par la suite! :)

Bonne route & Take Care!

Mél'Ly