22 décembre 2012

Ghewa

La Ghewa est une des cérémonies les plus importantes dans la vie des Tamangs. Elle est célébrée 51 jours après la mort du défunt. Dawa, mon guide, a bien voulu que je participe à celle de sa grand-mère paternelle. Elle a été incinérée le lendemain de sa mort.

Dawa a 4 soeurs et 1 frère aîné  Deux autres enfants sont morts tout petits.  Une des soeurs vit actuellement en Corée du Sud et une autre a déjà vécu au Koweit. Nombreux sont les jeunes népalais qui partent plusieurs années à l'étranger pour travailler et ramener de l'argent à la famille et au village. Esclavage moderne! Ils doivent faire un emprunt auprès des riches de la région pour payer le billet d'avion et le visa. Puis ils remboursent le double de leur emprunt en rentrant.

La famille de Dawa vivait auparavant dans une maison accolée à celle du frère de son père. Depuis 5 ans, ils ont déménagé dans cette nouvelle maison. Il est éleveur de vaches, au pelage à la texture du velours.  Les femelles servent pour le lait et les mâles servent d'animal de trait et de transport.

Je découvre un nouveau visage de la campagne népalaise. Les gens sont sales, recouverts de poussière avec des cheveux hirsutes pour la plupart.



Lorsque j'arrive chez Dawa, il y a déjà une trentaine de personnes qui s'affairent à la préparation des festivités. Plusieurs abris, répartis sur le terrain, ont été construits en paille tressée et le sol est recouvert de paille.
3 abris servent pour la cuisine, un de gompa aménagé, un pour l'image de la Grand Mère et le repos des gens.

Cuisine et Gompa

Cuisine



Gompa
Je ne peux pas trop estimer combien de personnes sont venues au total, puisque des gens se sont rajoutés dans la nuit, mais il y avait bien 300 personnes, venues de toute la région. 
Puisqu'au fur et à mesure du trek, nous avons rencontré des gens qui venaient à la ghewa ou qui en revenaient.
Rares sont les invités qui sont venus me parler pendant ces deux jours. Ils étaient très gentils mais plutôt timide. Dawa par contre était toujours à mes petits soins.



Dawa, qui m'avait annoncé avoir 19 ans a en réalité 22 ans. Il me "présente" plus ou moins sa femme et sa fille de 2 mois. Il a du épouser cette fille de 2 ans de plus que lui, qui est en réalité sa cousine. Mariage arrangé chez les Tamangs. Ses parents vieillissants avaient besoin de main d'oeuvre dans la maison et la jeune fille commençait à se faire vieille pour être marié. 

Donc le jeune Dawa n'avait pas trop le choix... Lui vit la plupart du temps à Kathmandu pour suivre des études en commerce, quand il a de quoi financer ses études. Sa soeur de Corée l'aide parfois. 
Gurr

Au départ, je ne croyais pas à ce qu'il soit marier sachant qu'il ne portait aucune attention à sa femme et à son bébé. Il les ignorait complètement. Jusqu'au moment de notre départ le lendemain quand un homme du village éméché s'en ai prit à Dawa pour qu'il avance de l'argent pour sa femme. Dure réalité.

Dans le premier abri où se trouve la Gurr, la représentation de sa grand mère avec des vêtements et des bijoux qui lui appartenait. 

Au départ Dawa me dit regarde la photo "Picture" de ma grand mère. Je cherchais partout et je ne voyais pas de photo... Mais sur le coup, j'ai pas percuté qu'ici on vivait comme il y a cent ans et les appareils photos n'existent pas. Au pied de la grand mère sont déposées les offrandes: biscuits, sodas etc. 

Dans le gompa aménagé, toute la journée les lamas chantaient des mantras pour la grand mère. 

Avant la tombée de la nuit, une vingtaine de personnes âgées arrivent, principalement des femmes, ne parlant pas Népalais mais seulement Tibétain. Ce sont les Vieux, ceux qu'on respecte et qui ont une forte affluence. On les installe confortablement, et on leur sert du thé et de la bonne nourriture avant qu'ils chantent et dansent toute la nuit. On leur offre une khata, l'écharpe bouddhiste en signe de respect. Si l'homme qui l'offre est plus jeune que le receveur, il donne l'écharpe dans ses mains; et s'il est plus âgé, il le lui met autour du cou.

Ecoutez les chants sur cette vidéo




  


Pasam sur la gauche
Puis le soir venu, la Gurr est amenée au centre du gompa, devant les 108 bougies allumées. 
D'abord le fils se prosterne devant elle, puis sa soeur, sa femme, puis les enfants. 
Ils sont obligés de tenir cet ordre afin de montrer le chemin à l'esprit de la défunte. Le frère de la défunte se met à énumérer toutes les offrandes qui lui ont été apporté par chaque membre de la famille. 
Enfin la Gurr est transportée à l'extérieur sur la scène aménagée pour elle. Le Pasam.


 

Et toute la nuit, les gens danseront et chanteront autour de cette scène et des deux feux. Il n'y a pas d'instruments de musique, seulement des chants. Ils vont vraiment boire et danser jusqu'au petit jour.

L'alcool, le Roksi, tient un rôle majeur dans cette fête. Dès mon arrivée, la plupart des hommes étaient déjà saouls et couchés par terre. Une fête sans Roksi n'est pas une fête. Si tu ne bois pas en l'honneur de la défunte, tu ne lui montres pas de respect.


La Ghewa comme si vous y étiez


La nuit j'ai dormi dans une pièce de 4 m2 qui sert d'habitation à l'instituteur du village, absent à cette période. Dawa s'était bien débrouillé pour me trouver un endroit pour dormir car chez lui ce n'était pas possible avec tout ce monde. L'instituteur dort sur une planche, qui fait à peine la taille d'un humain. Il y a des araignées et autres insectes partout. Sur le sol, juste de quoi poser un feu pour cuisiner.

Le lendemain matin, les lamas amènent la Gurr dans la maison de famille. Ils aspergent chaque personne qui entre dans la maison avec de la farine pour l'esprit de la maison. Pendant deux jours aucun objet ne doit sortir de la maison, donc on s'est empressé de sortir mon sac de là. 

Les lamas ont le privilège de manger un repas copieux et succulents, alors que les invités n'ont le droit qu'à un curry de pommes de terre, du riz et quantité de thé au beurre. J'ai vu comment ils préparaient la nourriture et ça m'a pas donné envie d'y goûter  Les femmes coupaient les pommes de terre et les oignons tout en changeant leurs bébés, ou leur enlevé leur crotte de nez ou ils se mouchaient dans leurs mains. Les enfants jouaient avec la nourriture par terre puis la remettaient dans la marmite  Bref, j'ai pas envie de chopper encore une saloperie dans les intestins. Je serai à la diète.

Ensuite, j'assiste à une sorte de pièce de théâtre tamang appelée Mane Dance.
Un cochon

Tout d'abord le lama appelle les cochons. Puis le chasseur et son chien arrivent pour tuer les cochons. Le lama fait un mantra et les cochons trouvent un accord avec les chasseurs pour ne pas être tués. Un homme recouvert de terre, le Boa, donc le fou, amuse la galerie. Ensuite apparaissent des hommes déguisés en femme qui sont en fait les propriétaires de chevaux. 
Deux heures se sont déjà écoulées pour cette partie, qu'on devait repartir prendre le chemin vers Timure. Il n'y a pas de paroles, ils dansent seulement et gesticulent au rythme des battements de cymbales du lama. 
Ça fait rire tout le monde. Donc la suite, que je n'ai pas vue entièrement : le cheval et la jument se battent et les proprio essaient de les séparer. La jument représenterait le Népal et le cheval le Tibet. 
Le lama les aide à trouver un compromis pour qu'ils arrêtent de se battre. Il leur explique que le mâle a toujours besoin de la femelle et vice versa. Faites l'amour et pas la guerre en gros...


La danse des cochons

Le chasseur et son chien
Les chevaux

Bataille entre Cochon et Chien





Le Goa en haut à droite

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