16 août 2011

Ascension du Mont Meru

Le Mont Meru est un ancien volcan dont le pic s'élève à 4566m et qui se trouve à proximité du Kilimanjaro. Il est d'ailleurs surnommé le père du Kilimanjaro puisqu'il s'est formé avant lui il y a 6000 ans.
L'ascension du Mont Meru se fait en 3 étapes:
1- Miriakamba Hut ( 4h30 de marche d'un bon pas - 1000 m de dénivelé)
Nous avons donc rejoint un groupe de 5 autres randonneurs : 3 allemands et 2 autrichiens. Pour nous encadrer nous avions un ranger armé et en tenue militaire; Guidéon est plutôt jeune et rigole sans arrêt pour un rien.
Il est obligatoire d'être encadré par un ranger pour notre sécurité. En effet le parc national d'Arusha habritent de nombreux animaux sauvages qui peuvent attaquer les humains s'ils se sentent agresser. Guidéon a déjà utilisé son arme contre un buffle qui s'est retrouvé sur le chemin de randonnée et qui allait charger le groupe de randonneurs. En tout le parc compte 75 rangers.
Tandis que nous empruntons la longue route avec lui nous faisant traverser la forêt, notre guide personnel, notre cuisinier et nos deux autres porteurs entament la voie plus accidentée.
Notre chemin traverse d'abord une clairière magnifique où à quelques dizaines de mètres on peut voir des zèbres, girafes et phacochères. Nous ne pouvons pas apercevoir le sommet qui est caché par les nuages et la brume de la forêt.
Lorsque nous sommes entrés dans la forêt, on a été surpris par les toucans et surtout les colobes noirs, ces singes magnifiques au pelage noir avec une queue longue blanche.

La forêt, qui a poussé sur le sol volcanique, a l'air tout droit sortie d'une autre planète. Elle est très dense, les arbres sont plus que centenaires, le lichen a envahit la plupart des arbres, formant une sorte de toile d'araignées. Le sol est tapissé de mousse et de petites herbes. Etant donné qu'on se trouve dans un parc protégé, elle est restée intacte, comme s'il n'y avait jamais eu le passage de l'homme.

A mi-chemin nous avons pique niqué au bord d'une jolie petite cascade. Et au bout de 4 heures de marche, nous approchons du Ash Cone (Cône du Volcan) qui se trouve au centre d'un fer à cheval de falaises qui plongent sur plus de 1500 m. Au loin on peut admirer les lacs Momela, formés après l'éruption du volcan.
Un chocolat chaud et du pop corn nous attendait au refuge Miriakamba à 2500m d'altitude où nous avons passé la nuit. Dans la salle de restauration, seuls les voyageurs y mangent; chaque groupe a sa table. Donc Konrad et moi avions une table pour nous 2. Le repas du soir, préparé par notre cuisinier Ismaël, était excellent et changeait grandement de la nourriture du Workcamp, on a pu dégusté une soupe délicieuse, du riz avec de la sauce à la viande et du poisson pané.


2- Miriakamba Hut -> Saddle Hut ( 3h - 1000 m de dénivelé)
Après un petit déjeuner copieux, nous avons marché pendant 3h sur un chemin jalonné de marches. Le long du chemin nous avons une magnifique vue de l'Ash Cone et des lacs Momela.
Le ranger nous apprend que c'est sa 41e montée du Mont Meru en 4 ans d'exercice. Le froid nous saisit de suite lorsqu'on arrive au Saddle Hut à 3500m d'altitude, pourtant il n'est que midi.
L'après-midi nous avons fait un aller retour au Little Meru (Petit Meru) dans l'espoir de voir le sommet du Kilimanjaro. Depuis que nous sommes arrivés dans la région, il a joué au timide, caché derrière les nuages. Au sommet du petit Meru, on a cru voir un soupçon du sommet, mais peut être est-ce un mirage...
Nous partons nous coucher tôt, vers 20h car on se lèvera à minuit pour finir l'ascension.






 3- Saddle Hut -> Sommet du Mont Meru ( 6h - 1000 m de dénivelé)
J'ai à peine dormi dans ce refuge à cause de voisins américains trop bruyants... Donc le réveil à 00h30 a été plutôt dur, comme si je venais de passer une nuit blanche.

Une petite collation et une tasse de thé dans l'estomac et on se met tout de suite en route pour les derniers 1000m de dénivelé.
A l'origine je n'avais pas prévu de faire l'ascension du Mont Meru et donc je n'avais pas forcément les vêtements chauds recommandés. J'ai loué des gants et une cagoule à un tanzanien. Sinon j'ai mis toutes les épaisseurs de vêtements d'été que j'avais : 6 couches en tout. Il fait tout de même froid, à 4000 m et de nuit, il y a du givre sur le sol noir recouvert de cendres.
C'est la première fois pour moi que je randonne de nuit. Je me guide à l'aide de ma lampe frontale, orientée vers les pieds de la personne qui me devance et un peu vers le sol. La lune, presque pleine, donne un aspect particulier au paysage. Au loin on apperçoit des points lumineux (autres randonneurs) se dirigeant vers le sommet avec la lune et les étoiles en arrière plan, j'ai l'impression d'explorer une autre planète.
La montée vers le Rhino Point (300 m de dénivelés) est plutôt facile. Ensuite le chemin est nettement plus difficile, escarpé, périlleux. Sur certains tronçons il fallait escalader à mains nues et sans aucune protection, avec comme seul éclairage la lampe frontale. On sentait bien qu'il y avait un grand vide à côté de nous, mais impossible de voir dans cette pénombre. Ce n'est qu'au retour que j'ai découvert, que ces passages étaient extremement dangereux.
N'étant pas très sportive au quotidien et avec l'accumulation des efforts et de la fatigue, le trajet était vraiment éprouvant pour moi. Les autres randonneurs de ma cordée sont passés devant me laissant avec le guide pour que j'aille à mon allure. Certains randonneurs d'autres groupes faisaient demi tour car ne pouvaient plus avancer. J'ai vraiment puisé dans mes forces et surtout grâce à mon mental j'ai réussi à arriver au sommet. Le temps pressait et m'était compter puisqu'il fallait que j'arrive à temps pour le lever du soleil. Au total, il m'a fallu 5h24 pour l'atteindre. Soit 6 minutes à peu près avant le lever du soleil.


We did it !!!

Le spectacle au sommet valait vraiment les efforts fournis. Le sommet du Kilimanjaro flottent au dessus des nuages. La vue est époustouflante lorsque le soleil se lève juste derrnière le Kili, le soleil devient orangé. Le cratère du Mont Meru s'éveille et nous offre une superbe vue sur ces falaises de plus de 1000m de haut. Le soleil réchauffe mes pieds. J'ai l'impression d'être sur le toit du monde.
On ne reste pas très lontemps là haut, qu'une petite demie heure, les autres ont mal à la tête, moi je suis juste épuisée et me demande comment je vais faire pour descendre les 3000 m dans la journée.
La descente jusqu'au Saddle Hut m'a pris 3h30 (vs 5h24 de montée). Le trajet fut spectaculaire puisque je découvre le chemin emprunté à l'aller, en pleine nuit. Et tous ces kilomètres parcourus... qui n'en finissent pas. Certains endroits sont tellement vertigineux que j'ai encore du mal à réaliser que je les ai parcouru de nuit.


En descendant le long de l'arrête du volcan, l'Ash Cone est ensoleillé. En contre bas, on distingue aisément les coulées de lave, maintenant recouverte par la végétation. Durant le trajet je suis prise du mal des montagnes (nausées et maux de tête). C'est une chose courante ici. Mais cela rend la descente encore plus difficile. Le guide pensait que j'irai mieux en arrivant à Saddle Hut, en déjeunant. Mais malheureusement ça n'a pas été le cas. Avec le ranger ils ont décidé de me faire descendre les derniers 2000m de dénivelé en brancard, portés par des porteurs. J'aurais été incapable de descendre encore 5 ou 6 heures de marche entre mes vomissements.

En arrivant à Momela Gate, nous avons reçu un certificat prouvant que nous sommes allés jusqu'au sommet et nous avons signé un registre.
Il n'est pas rare que les randonneurs s'arrêtent avant le sommet. Beaucoup abandonnent et je comprends pourquoi. On n'est pas assez avertis au départ de la difficulté de la dernière ascension.



Même si ce n'est pas quelque chose que je dis souvent, cette fois je peux avouer que je suis plutôt fière de moi, car ce n'est pas donné à tout le monde d'arriver jusqu'au bout. Et malgré l'épuisement physique, on peut y arriver avec le mental.
En fin d'après-midi,  avec Konrad nous avons pris un taxi collectif pour se rendre à Mto Wa Mbtu (La Rivière aux Moustiques) à 2h de route d'Arusha. J'ai du louer tout l'arrière de la voiture pour pouvoir m'allonger et récupérer.


  

Les passages périlleux

Safari Brancard

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