11 juillet 2012

Vivent les transports à Calcutta

Un conseil pour les voyageurs à Calcutta et qui logent en banlieue, évitez de voyager en transports en commun le dimanche...première partie en vidéo, la seconde dans mon récit plus bas...

Passage suivant contre indiqué aux personnes claustrophobes... ahahahah


Pour le retour, c'était moins compliqué j'ai trouvé de suite un taxi en sortant du parc et j'ai marchandé le même prix qu'à l'aller. Arrivée à la gare de Sealdah, un monde fou attendait devant le panneau d'affichage. Mon train n'était pas encore affiché. Dès qu'il est apparu sur l'écran, toute la populace s'est mise à courir. Certains même coupaient à travers les voies. L'agitation était semblable à une fuite lors d'un attentat...

Le train n'était pas encore arrêté sur le quai que les gens sautaient dedans. J'ai fait de même en courant et en attrapant la barre à l'entrée du wagon. Je voulais absolument avoir une place assise, j'avais tellement eu une mauvaise expérience le même jour la semaine passée ( cf vidéos 30 min en enfer).

Les vingts premières minutes se passent relativement bien, jusqu'à la station Dum Dum. Le wagon serait surchargé dirait un francilien. Je suis serrée entre deux indiennes et il y a des indiennes entre les rangées, rien de plus normal. A Dum Dum, une horde de femmes rentrent poussant toutes les autres déjà serrées. Je sens déjà une pression me poussant vers ma voisine de droite, et mes genoux sont bloqués entre les jambes de l'indienne qui est debout devant moi. Dans ma tête je me suis dit comment ca va se terminer sachant qu'il reste encore 5 stations avant que je sorte...

Au fur et à mesure, je sens le mouvement des femmes vers les parois intérieures du wagon. La station d'après, personne ne descend, par contre encore une vague d'une cinquantaine de femmes tentent de rentrer. Je vois une femme debout dans l'allée au bout de mon banc qui crie de douleurs. En effet à cause de la pression des autres passagères, ses tibias heurtent la ferraille du banc. Je l'aide à se lever et à monter sur le banc et elle s'agrippe à la grille derrière le banc. Elle pleure de douleurs, ses jambes sont en sang.

Derrière elle, j'aperçois seulement la tête d'une jeune fille de petite taille. Elle est noyée entre les sacs et les épaules des autres. Je vois qu'elle a du mal à respirer et elle grimace en me regardant jusqu'à la prochaine station où elle aura complètement disparu comme aspirée par cette mer de corps et de saris.

Même si ma station se trouve encore à 25 minutes, il fallait malheureusement que je me lève pour commencer à avancer vers la sortie. Mon banc était celui qui était le plus proche de la sortie, mais je me trouvais encore plus loin que la semaine dernière. Et la semaine dernière c'était déjà l'enfer... A peine debout, l'indienne avec qui je faisais genoux genoux prend ma place. J'arrive tant bien que mal à avancer vers le bout du banc, cad à une distance de 2 personnes assises. Je me retrouve coincée pour aller dans le couloir.

Ma voisine s'énerve je ne sais pour quelle raison, et je commence à lui dire qu'on est toutes dans la même situation, c'est normal que je la touche ou que je passe devant elle sachant que je sortais avant elle. Bref, elle continue à brailler pendant quelques minutes et me donne des coups de coudes. Je finis par l'insulter en Français et lui traduit par "Shut Up in English, you know what it means?". Je me surprends à insulter quelqu'un, j'ai même pas le souvenir quand est ce que j'ai du dire ce type de paroles la dernière fois.

En même temps, je reçois des coups dans le dos, après plusieurs, je me retourne et je vois une petite ado qui était assise et sur qui j'étais prête à tomber par la pression qui me venait sur mon buste. Il a fallu une fraction de seconde avant que je tombe à la renverse sur le banc, alors je l'aide à se mettre debout sur le banc avant que je ne l'écrase. Mes jambes sont maintenant comprimées avec le bord du banc, heureusement ce sont les mollets. Je suis obligée moi aussi de me hisser sur le banc sinon la ferraille va finir par me couper.

Debout sur le banc, je me retrouve comme en haut d'un phare admirant une mer de bras, de sacs et de châles. Au lieu du chant des vagues, ce sont les cris des disputes des femmes. Comment vais-je faire pour traverser tout ça? J'ai bien envie de sauter comme une rock star et que la foule me porte jusqu'à l'entrée. Je me lance j'ai pas le choix. Je redescends donc et à coups de "Sorry" et de "I must go, I go out at Madhyamgram" j'essais de me frayer un chemin. Toutes acquiescent et me disent d'avancer mais aucune ne se pousse ni me laisse entrevoir un chemin.

Je dois donc les pousser, faire pivoter leurs épaules etc, tout ça avec mon sac à dos que je porte en l'air avec mon bras droit. Je vois la sortie à 2 bons mètres et le panneau de la station Madhyamgram juste derrière. J'hurle comme quoi je veux sortir mais me retrouve toujours bloquée. Impossible d'avancer plus loin et en plus mes poumons sont comprimés.

Je vois un groupe d'indiennes monter ce qui bloque aussi l'entrée alors que je ne suis pas descendue. Et là, je ne sais pas du tout ce qu'il m'est arrivé. Comme prise par la panique, la peur peut être mourir étouffée,  j'ai aucune idée comment d'un seul coup un cri est sorti de ma bouche plusieurs fois. Je n'ai jamais entendu ce son de ma vie. Comme s'il sortait du plus profond de mes tripes. Je me débats avec rage de cet emprisonnement.

Des femmes commencent à me pousser vers la sortie. Mais mon sac à dos, que j'avais remis sur mes épaules de peur de le perdre, se retrouve coincé entre les femmes derrière moi. J'arrive à le tirer, mon pantalon se met à craquer.  Certaines indiennes rigolent et se moquent de moi. Je continue à crier si fort que d'autres me poussent vers la sortie.

J’atterris enfin sur le quai, toute tremblante, les cheveux ébouriffés. Je mets ma tête dans mes mains et me mets à pleurer. J'ai eu honte de pleurer comme ça en public mais je crois que c'était le seul moyen pour extérioriser et me calmer. J'entends des voix autour de moi. J'ouvre les yeux, je suis encerclée par une vingtaine d'indiens.

Une jeune fille en anglais me demande ce qu'il s'est passé; un autre me demande si je suis blessée si je dois aller à l'hôpital. Pendant une bonne minute je ne pouvais plus parler. Je leur ai dit que ça allait et que je voulais seulement rentrer chez moi.

Le lendemain matin je n'avais plus de voix et j'avais mal à la gorge, surement à cause des cris étranges que j'ai poussé la veille. Et j'ai également découvert deux énormes bleus de 5 cm de hauteur et s'étendant sur toute la largeur de mes mollets. Jamais je ne reprendrais ce train, je me le suis jurée.

1 commentaire:

antoine a dit…

Oh bon sang !!!
j aurais aimé voir ca ! Dorothée l'hysterique !
tu veux pas te mettre une camera sur le front comme le journaliste de france 5 fait dans son emission "j irais dormir chez vous" ?