Julei

>Bonjour à tous,

Mon avion a décollé de Calcutta à 17h30 pour arriver 2h heures plus tard à Delhi. Je devais attendre jusqu'à 5h du matin dans l'aéroport pour la correspondance pour Leh. Bien évidemment je n'ai pas réussi à dormir dans l'aéroport entre ceux qui passaient l'aspirateur, les soldats qui discutaient pour ne pas s'endormir et les annonces au haut parleur toutes les 15 minutes.

Après avoir passé 5 semaines sans voir le moindre étranger, j'étais toute pertubée de me retrouver entourée de touristes étrangers en partance pour la même destination que moi.

J'avais fait en sorte d'être assise à droite de l'avion pour avoir la meilleure vue depuis le hublot. Le trajet d'une heure offre des vues splendides sur l'Himalaya, le Zanskar et le Ladakh. L'aéroport de Lef n'est ouvert qu'entre juin et septembre et les avions attérrissent seulement très tôt le matin pour une meilleure visibilité. Il faut être un pilote chevrauné pour faire atterir un avion dans cette minuscule vallée bordée de pics vertigineux.

En arrivant à Leh, j'ai essayé de trouver l'auberge de jeunesse que j'avais réservée. Dans la rue, un jeune homme bien sympathique d'une agence de voyage m'a conduit directement à l'auberge. Finalement cette rencontre improbable va jouer un tournant dans l'organisation de mon séjour. En effet, en arrivant à l'Auberge Indus, que je ne recommande pas aussi bien pour l'état des chambres que pour les prix, le propriétaire m'a tout de suite proposer de rejoindre un groupe pour un trek. Le prix était exhorbitant et je devais donner ma réponse dans l'heure. Encore un peu abassourdie par le manque de sommeil et l'altitude, j'ai tout de même fait un tour rapide de quelques agences et suis retournée voir l'homme qui m'a accompagné à l'Indus. Il n'y avait pas photo, il me proposait le trek 2 fois moins cher que l'auberge et avec le rafting en plus. Il me dit d'ailleurs qu'une autre française de l'Indus serait aussi intéressée par ce trek aux mêmes dates. Je retourne donc à l'auberge pour trouver la jeune fille, finalement je suis tombée sur une Irlandaise de 30 ans, Grainne, professeur des écoles à Dublin. Même s'il s'est avérée que ce n'était pas elle dont me parlait l'agence, elle était tout à fait partante pour le trek.

Ma matinée avait donc été bien chargée et je n'avais pas encore dormi. Leh est situé à 3500 m et je sens physiquement que cela joue sur mon équilibre et sur mon attention. On se sent désorienté, essoufflé au moindre mouvement et deux jours de repos sont effectivement nécessaires pour s'adapter.

Le soir j'avais donc hâte d'aller me reposer dans ma chambre après ma nuit blanche. Mais pour simplifier les choses, j'ai eu un problème médical surprenant. Les paumes de mes mains ainsi que les plantes de mes pieds me démangeaient énormément à ne pas pouvoir dormir une seule minute. Sur ma peau j'avais des sortes de paillettes argentées que je n'arrivais pas à enlever. Un vrai film de sciences fiction... je me transforme en Avatar ou en vampire.

J'ai tout essayé : savon, gommage, scotch, bandes dépilatoires, serviette exfolliante; bref, j'ai passé ma première nuit à essayer de soulager mes démengeaisons et à enlever ces foutues paillettes.

Le lendemain avec une mine d'enfer d'après deux nuits blanches et les effets de l'altitude, les démangeaisons continuaient. Sachant que je suis une personne avec un terrain allergique sévère, et que les démengeaisons ne cessaient pas, je suis allée chez un médecin. Le médecin ne m'a rien prescrit puisque j'avais déjà les médicaments adéquats pour les allergies. Il m'a simplement conseillé d'aller à la clinique si les démangeaisons persistaient dans l'après midi après avoir pris mes médicaments. Malheureusement pour moi je souffrais toujours autant. Je me rends donc à la clinique locale, le médecin m'a fait une injection et j'ai continué à prendre mes médicaments pour l'allergie. Je me demandais vraiment si j'allais pouvoir faire le trek le lendemain. 

Malgré l'injection de l'après-midi, j'ai encore passé toute la nuit les mains et les pieds dans des bassines d'eau froide; impossible de dormir. Un vrai cauchemar. Après le sinus pilonidal avant le Mont Meru en Tanzanie, cette fois c'est une allergie cutanée qui empoisonne mon trek.

Donc malgré 3 nuits blanches, j'ai quand même décidé de faire le trek, pensant qu'en changeant d'environnement et d'air j'irai mieux. J'ai eu le temps pendant ces nuits blanches de chercher les raisons pour lesquelles j'ai fait une telle réaction. J'en suis venue à la conclusion que cela venait peut être soit d'un chale que j'avais acheté à Calcutta que j'ai pas supporté, soit le thé au gimgembre, soit le magnétisme, ou la saleté de la chambre, ou tout simplement l'air de Leh qui est composé de particules comme des minéraux venant des montagnes environnantes.

Et en plus de la démangeaison, après ma première nuit dans l'auberge, je me suis retrouvée avec une plaie sur le bras gauche qui ressemble étrangement à une brulure de cigarette. La plaie s'est agrandie pendant le trek. Plus tard un voyageur suisse m'a donné un gel contre les brulures utilisé à l'armée qui m'a drolement soulagé et m'a aidé à cicatriser. Une semaine plus tard à mon retour à Leh après mes différents treks et voyages, je suis allée à une pharmacie et le pharmacien a tout de suite vu que cela venait d'un insecte dans le lit, peut etre comme une chenille, j'ai pas trop compris ce que c'était, mais apparemment c'est assez commun dans des auberges mal entretenues. 

Donc quelque chose m'aurait piqué et brulé au 3e degré...

Et pour le couronner le tout, j'ai des plaques qui apparaissent un peu partout sur les jambes comme de l'ecxémas. Donc l'air de Leh n'est vraiment pas fait pour moi. Toutefois ces désagréments qui seront temporaires ne m'incite pas à quitter précipitamment cette région qui est tellement magnifique et ces petits bobos ne m'empêchent pas de me déplacer. Je suis aventureuse ou pas?

Donc sans avoir dormi pendant plus de 72 heures, avec les nerfs un peu à vif à cause des démengeaisons, je pars quand même trois jours pour faire le trek...