06 novembre 2014

La course aux vendanges

C'est avec le cœur serré mais avec la tête rêveuse que nous quittons Mount Barker pour de nouvelles aventures dans le Sud Ouest de la Western Australia. Nous nous arrêtons chez nos amis du Nouvel An à Manjimup pour faire le tour des vergers, des magasins, des hôtels etc. La saison des pommes est tardive cette année et nous devons attendre encore plus de deux semaines le démarrage, sans être certains d'être embauchés. En effet, tous les jours, les agriculteurs voient défiler dans leurs champs, des jeunes gens comme nous à la recherche d'un travail. Alors, ils se contentent de sélectionner celui qui se présentera les quelques jours avant le commencement de la récolte. Pour les restaurants et les hôtels, les grandes vacances sont sur le point de se terminer donc il n'y a pas de poste de libre à l'heure actuelle. On quitte alors précipitamment Manjimup pour tenter notre chance à la plus que célèbre ville de Margaret River.

Margaret River me faisait rêver. La réputation de cette ville est le paradis des surfeurs et des amoureux du vin. Une ville agréable à vivre aux bords de la mer et des vignobles. On a vite déchanté! Ce village, à 20 minutes de la plage, est devenu le carrefour des backpackers désespérés qui sont prêts à tout pour avoir du travail dans les plus mauvaises conditions. Des agences de recrutement de backpackers fleurissent dans la ville, les backpakers déambulent dans les rues à l’affût d'un réseau wifi et d'une douche. 

A peine arrivés, nous voyons une annonce sur le groupe facebook de Down to Earth, une agence de recrutement. Elle demande de se rendre au bureau au plus vite. 1 heure après l'annonce sur Facebook, nous sommes une quarantaine de personnes rassemblées dans un hangar. Une femme nous demande de remplir des documents administratifs et nous présente le travail de vendangeur. Elle nous informe que le début de la cueillette est à 6h du matin et peut durer jusqu'à 10 h. La plupart des vignobles font les vendanges la nuit avec une machine. Mais pour les anciens vignobles qui ont des rangées trop exigues, la récolte à la main est obligatoire. Aussi, le jus du raisin est meilleur lorsqu'il est cueilli à basse température. Ici il peut faire jusqu'à 30 degrés en milieu de journée.

La machine qui a remplacé les vendangeurs
La rémunération se fait au rendement, c-a-d au "bucket" (nombre de paniers pleins). L'agence fournit les sécateurs au prix de 8 AUD, retirés de notre paye ainsi que le débardeur fluo à 10 AUD. Il nous est conseillé de porter des lunettes de protection à nos frais bien sur. Donc la veille vers 17h, tu reçois un SMS t'indiquant à quel vignoble se rendre pour le lendemain 5H45 (jusqu'à 30 km de Margaret River, un covoiturage est possible). Tu te lèves donc à 4h30 du matin, tu prends la route de nuit (avec les kangourous qui traversent sans prévenir!). A 6h00, le soleil se lève, tu es avec ton bucket et tes numéros devant ta ligne et le compte à rebours commence! 

Les trois quarts sont des asiatiques, qui ont déjà de l'expérience dans le domaine et qui vont plus vite par leur petite taille. Ils courent tous entre les rangées pour aller le plus vite possible. Plus tard, nous comprendrons que le prix du panier est décidé à la fin de la récolte et que la récolte totale est limitée à 10 tonnes, le contenu maximal de la cuve du vigneron. En résumé, tu te bats contre les autres. On ne nous explique pas où couper, s'il faut enlever les feuilles des branches pour dégager la vue, s'il faut enlever les mauvaises grappes, etc. Tu regardes ceux que tu penses habitués et c'est tout. Ici c'est la guerre! Quand ton bucket est rempli, tu poses ton numéro et tu surveilles que quelqu'un d'autre ne l'échange pas, car apparemment c'est quelque chose qui peut arriver. On ne nous a pas donné de gants, ce qui a valu plusieurs coupures à Julien, ce qui est assez handicapant par la suite. 
Au bout de 3h, nous avons terminé, le dos cassé car nous avons dû nous baisser sous chaque rangée de vigne avec nos paniers. On ne sait pas le prix du bucket à l'avance, on le découvrira plus tard sur la fiche de paye. 
En finissant si tôt, on dispose de la journée pour surfer, enfin pas nous... mais pour ceux qui souhaitent cumuler leurs jours pour leur visa, ce travail fonctionne. Donc ils bossent 3h et cela compte pour une journée. Mais le hic c'est que l'agence t'appelle pour 2 ou 3 jours de vendange par semaine. En plus, quand tu reçois tes résultats, tu ne trouves jamais le même nombre de paniers récoltés. 
On a réussi à se faire embaucher par une deuxième agence, donc nous avons jonglé avec les deux. Ceci nous a permis d'avoir du travail tous les jours, et à force d'entrainement, on peut arriver à 100 AUD par jour. A ce prix, tu dépenses tout dans ton camping, nourriture et essence.
Nous avons également démarché auprès d'une trentaine de vignobles. Un petit vignoble Tassel Park, a engagé Julien pour deux jours pour de la mise en bouteille. Nous avons gardé une bonne relation avec l'entreprise itinérante de mise en bouteille et ils nous ont également embauché tous les deux pour une autre journée, au salaire minimum de 20 AUD de l'heure.

Le camion d'embouteillage
Au fur et à mesure de nos visites, issue moi-même d'une famille de vignerons, j'ai été choquée face à ces véritables machines à business sans aucun amour pour la vigne. Les propriétés sont toutes clinquantes, parking immenses pour les bus, dégustations très posh, boutiques de luxe et conjugaison avec l'art. Les endroits sont loin d'être chaleureux et charmants comme chez nous. Si on leur demande : avec quel plat pouvons-nous allier ce vin? La réponse est : avec une pizza... L’œnologue devient un vrai chimiste et le viticulteur un vrai marketeur. On nous avouera même que dans les grandes maisons, on met parfois le même vin dans des bouteilles aux étiquettes différentes et à des prix différents alors qu'à l'intérieur on y trouve la même cuvée. L'alcool est très taxée en Australie, il faut compter au minimum 10 AUD pour une bouteille entrée de gamme correcte.

Payer cher un camping, dormir à l'abris des rangers dans notre voiture, se lever à 4h pour gagner des cacahuètes, chercher continuellement un endroit pour faire la cuisine, prendre notre douche, n'est pas notre façon de voir la vie. Nous laissons notre place à la centaine d'autres qui attendent désespérément devant les agences. Nous avons quitté la région au bout de quinze jours quand nous avions fini de visiter tous les alentours pendant nos heures de libre.
Lorsqu'on prend en direction du nord la route Caves Road, qui traverse une grande partie des vignobles, nous arrivons à Yallingup, où se tient une compétition de surf et de paddleboard. 

Nous a rejoint Paul, un employé de Tassel Park, qui est adepte de la pèche à la langouste. Pendant que nous faisons du snorkeling dans un endroit calme de la côte, Paul s'amuse à plonger cinquante fois pour ramener 5 langoustes. 

A terre, il les mesure et les plus petites doivent être remises à l'eau. Les contrôles sont fréquents. Le reste se retrouvera dans nos assiettes. 
On lui fait goûter les bien moins raffinés bigorneaux, choses qu'il n'avait jamais osé pêcher.

















Si on continue la route encore plus au nord, on arrive à Dunsborough.

Au bord de la Geographe Bay, cette ville est très appréciée des retraités et des jeunes actifs de Perth. On y trouve de l'animation avec ses bars et restaurants à thèmes.
A l'Ouest de la ville, s'étendent de magnifiques plages, à l'eau chaude et transparente. Eagle Bay et Bunker Bay sont nos préférées. 



Eagle Bay
Bunker Bay


Quand à Meelup Beach et Castle Point, elles sont idéales pour pique niquer. Tout au bout se trouve Cape Naturaliste et son phare. Sugarloaf Rock est également joli au coucher du soleil. 




A 40 km de Dunsborough plus à l'Est, se trouve la grande voisine Busselton. La ville aux allures d'u
n immense camping, est connue pour sa jetée en bois le plus long de tout l'hémisphère Sud : 1,8 km.

Le bord de mer est aménagé pour profiter du fabuleux coucher du soleil tout en partageant un bon BBQ à l'Australienne. Nous n'avons pas hésité à retourner plusieurs fois se détendre et se baigner dans les eaux de la Geographe Bay.


Le sud de la région de Margaret River offre également de très beaux paysages mais la côte est beaucoup moins propice à la baignade. On passe rapidement Prevelly, la plage la plus proche de Margaret River, haut lieu pour les amateurs de vagues et de douches gratuites. Caves Rd nous enmène jusqu'à Redgate, là aussi plage pour les adeptes de surf. On peut quand même se baigner dans des petits bassins naturels formés par les rochers qui coupent des vagues impressionnantes.



Plusieurs kilomètres acrobatiques sur une piste sableuse nous mènent jusqu'au Cap Freycinet. La plage est accessible en descendant à pied dans les dunes. La plage est immense et déserte mais les vagues sont d'une intensité qu'on n'ose pas trop y piquer une tête. En plus, la côte qui s'étend entre Augusta et Cape Naturaliste, appartenant au parc national Leeuwin Naturaliste, répertorie de nombreuses attaques de requins.




On peut observer normalement les raies à Hamelin Bay, aujourd'hui elles ne sont pas au rendez-vous. Mais la balade sur White Cliff Pt vaut le détour. Plus au sud de la baie, on peut découvrir Knobby Head et son point de vue sur Foul Bay et le Cap Hamelin et sa roche rouge. 





Enfin, nous arrivons à Augusta, la ville la plus au Sud Ouest de toute l'Australie. Le village se situe à l'embouchure de la Blackwood River qui se jette dans la mer Australe. Le soleil couchant, on profite d'observer l'eau calme de la rivière quand trois ailerons dépassent de l'eau. C'est l'heure du dîner pour les dauphins qui se trouvent à quelques mètres de nous. Puis, une majestueuse eagle raie nous frôle les pieds. On dîne dans le fish&ship soit disant le plus proche de l'Antartic. Le poisson frais est excellent et les nouveaux propriétaires sont Bretons!

Comme joli final, nous nous rendons au Cap Leewin, le point de rencontre de l'Océan Indien et de l'Océan Austral. Pour orienter les navigateurs aventureux, le cap est surplombé par le phare de plus haut de WA. Les courants sont semblables aux Cap Bonne Espérance et le Cap Horn.





1 commentaire:

antoine a dit…

sympa Augusta !