11 janvier 2015

La magie de Balingup

Nous laissons sans regret nos sécateurs à Margaret River, et nous nous retirons dans les vergers de la vallée de Donnybrook, la capitale de la pomme. Pendant une journée, nous faisons le tour des vergers afin de trouver du travail. On découvre avec étonnement que la saison des pommes est plus tardive qu'à Manjimup et qu'il faudra attendre deux mois supplémentaires le début. Donnybrook est un village sans grand intérêt ni charme, au milieu de vergers appartenant principalement à des familles d'anciens immigrés italiens. 



Julien trouve tout de suite du travail dans la récolte de poires. L'agriculteur ne souhaite pas me recruter puisqu'il a déjà signé un accord avec l'auberge de jeunesse de la ville qui va lui fournir des ouvrières asiatiques. Curieuse, je me suis rendue à cette auberge de jeunesse, l'unique à Donnybrook. Une centaine de jeunes backpackers, 90% d'origine asiatique, sont amassés dans ces dortoirs et errent dans l'espoir d'un coup de fil d'un agriculteur. Les préfabriqués ont atteint leur maximum de locataires, alors des tentes sont plantées à l'extérieur. Comme il n'y a pas assez de sanitaires à l'intérieur, des sanisettes sont installées dehors. Les backpackers paient au moins 150 AUD (soit 100 €) par semaine pour un lit dans un dortoir de 8. Ils vivent dans ces conditions en espérant tous obtenir du travail par miracle sans se bouger (leur a t'on dit que la grosse saison des pommes était dans 2 mois ?). Le maître des lieux est bien organisé puisqu'il dispose d'un minibus pour faire la navette entre les champs et l'auberge.

La saison des prunes est terminée et celle des poires commence seulement. Le ramassage des poires est apparemment le travail de récolte le plus physique de tous. Sous une chaleur de plus de 40 C°, en haut de son échelle, à une vitesse cadencée, il faut pouvoir être prêt à porter devant soi un son sac de 20 kg de 7h à 17h du lundi au samedi.

Comme Julien a été embauché sur le champ (c'est le cas de le dire), nous avons dû trouver de suite un endroit pour dormir et avec les commodités nécessaires. Dans le coin, il n'y a qu'un choix : le camping de Kirup. Tout petit, sans aucune intimité, sans ombre, et avec une cuisine rudimentaire, nous avons quand même passé de bons moments conviviaux avec les autres backpackers: 8 Français dont un groupe de 6 de la Corèze qui se feront tous embauchés par la suite chez "Karintha Orchards", là où travaille Julien, 2 suédoises et un couple de quadra baroudeurs de Nouvelle Zélande qui travaillent dans l'usine juste en face. Ils m'ont vivement conseillé de me pointer tous les matins à 7h pour essayer de me faire embaucher.

Le premier jour, je suis bien reçue et on me demande de remplir une fiche de renseignements au cas où ils ont un besoin. Le lendemain matin j'y retourne à 7h, et je me fais accueillir froidement par la responsable, absente la veille, qui accepte tout de même de me faire travailler puisqu'il y a un manque d'effectif le samedi. J'enfile des gants et une charlotte, me voilà trieuse de prunes! Raven, la néo-zélandaise, me forme puis me laisse avec toutes ces prunes qui arrivent avec une cadence incroyable. Le principal m'a t'elle dit c'est que je fasse mon maximum et que j'aille le plus vite possible. La responsable me félicite pour mon travail mais m'informe qu'ils n'ont besoin de personne pendant la semaine, seulement le samedi.

Finalement, le samedi d'après elle m'annonce que je suis embauchée définitivement pour remplacer Raven, en congé maladie. Je vais donc travailler 6 semaines à trier et mettre en conditionnement des pommes et des prunes. L'expérience est intéressante puisque je n'avais jamais travaillé à la chaîne et encore moins dans une usine de conditionnement. Les fruits sont envoyés par la suite aux deux supermarchés  Coles et Woolworth et parfois à l'IGA. Les pommes peuvent être conservées dans la chambre froide pendant des mois avant d'être triées.

Notre coloc à Balingup
Deux collègues italiens de Julien nous informent qu'il y a une chambre de libre dans leur maison à 12 km plus au Sud de leur lieu de travail, à Balingup, soit à 30  km de Donnybrook. Nous tombons sous le charme de cette maison accolée à celle de leurs propriétaires Dick et Helen. Ce couple sexagénaire, toujours actif, lui Néerlandais, elle Australienne, est très accueillant. Ils aiment être entourés de jeunes gens de tous horizons et nous passerons plusieurs soirées et dîners en leur compagnie. Nous avons partagé de bons moments avec eux autour d'un jeu de cartes et de dégustations de plats internationaux. Leur propriété se trouve sur une petite colline verdoyante à 1km du bourg. Les deux ânes plus ou moins voyants se régalent des fruits qu'on leur rapporte de nos jobs respectifs. Ils ont construit une petite terrasse qu'ils signalent par "la Buvette". Nos colocs italiens, Toni et Davide, nous gâtent en cuisinant régulièrement des pizzas. Ils nous apprennent aussi à faire des gnocchis. Nous profitons de leur talent pour organiser une soirée pizza à la maison avec nos amis du camping. Ils en ont fait 26!





























Balingup est un village très charmant, ce qui est assez rare en Australie. Ce village de 500 habitants au milieu des collines, se compose d'une rue principale avec des petits commerces de produits locaux, trois cafés bio et un restaurant familial. Le Pub est également célèbre dans la région pour ses steaks tendres. Le vendredi soir une file d'attente se crée devant un autre café pour acheter le Fish&Chips à emporter. Un ancien entrepôt "Packing Shed" a été converti en un lieu convivial regroupant une galerie d'art, un café, un magasin de produits des fermes environnantes. Quelle chance nous avons eu de vivre 6 semaines  dans ce village si vraiment agréable à vivre.
Je me lie d'amitié avec mes deux collègues hollandaises Els et Kelly. Elles habitent dans des pré fabriqués avec la trentaine d'autres employés backpackers du même groupe, mais elles sont les seules à venir travailler au Packing. Nous faisons même du covoiturage ensemble. Elles nous invitent plusieurs à leurs soirées barbecue.




Helen, notre propriétaire, a l'habitude de participer au Farmer's Market de Bridetown deux samedis par mois. Nous y avons fait un tour mais la pluie a découragé plus d'un. Le marché était assez modeste. On a pu acheter des fruits à des prix très avantageux. Bridgetown se trouve à 26 km au Sud de Balingup et est traversé par cette fameuse Blackwood River. La ville a gardé intacts ses bâtiments originaux et son pont en bois. A mi-chemin entre Balingup et Bridgetown, nous nous arrêtons à Green Bushes. C'est ville minière abandonnée qui possède un bassin artificiel pour rafraîchir ses habitants.



Ci-dessus au milieu à droite, un agent de la circulation. Ce sont souvent des femmes à ce poste, elles sont plutôt bien rémunérées (30 AUD de l'heure) mais elles travaillent sous tous les temps. Il faut passer un examen spécifique qui coûte plus de 1000 AUD au départ.

Nous nous sommes souvent rendus à Bunbury, à 1h au nord de Balingup. C'est la grande ville la plus proche de Balingup, au bord de la mer. C'est une ville qui bouge un peu avec ses restaurants, son cinéma, ses magasins de chaines nationales et ses tags artistiques. Nous avons bien apprécié sa bibliothèque, avec internet gratuit, le seul endroit de toute la région.



Maison typique Australienne avec 4X4, bateau etc

Vue depuis le phare



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