02 juillet 2014

La vie à la ferme à Mount Barker

Nous quittons Perth, la voiture fraîchement équipée pour descendre dans le Sud à 400 km. Nous nous arrêtons sur la route à Serpentine Dam. Un incendie fait rage dans les environs, le ciel est jauni et il neige des cendres et les insectes forment des nuages. L'atmosphère est vraiment particulière.

Nous arrivons à Mount Barker. Le village se compose d'une rue principale avec tout le nécessaire. Les commerçants sont très chaleureux et la bibliothèque dispose d'internet gratuitement. La ferme Forest Edge qui nous atttend se situe à 30 km de Mount Barker. Donc si on veut se rendre au village le plus proche, nous devons faire au moins 30 km. Tout le canton compte environ 2500 habitants. 
Nous sommes accueillis par Anne et Jim Price. Jim vit en alternance au Japon où il travaille sur un bateau de scientifiques. Il revient en Australie toutes les 4 semaines. Ils produisent principalement de l'huile d'olive. Ils font quelques marchés locaux pour vendre leurs bouteilles d'huile et fournissent aussi des restaurants. Ils vendent également des pots de confiture, chutney, pickles de fruits et légumes provenant du jardin et du verger.



Nous avons à notre disposition un cottage tout neuf. Ils sont très strictes avec nous au niveau des horaires et de la nourriture qu'ils nous fournissent. Nous devons travailler 7h par jour, 5 jours sur 7, nous avons le weekend de libre. Ce qui nous arrange grandement pour visiter les alentours. Les prochains articles de ce blog concerneront nos différentes visites de la région.


Nous sommes fin octobre et nous entrons doucement en été, ce n'est donc pas la saison des olives. Notre travail consiste à mettre en bouteille l'huile, tondre la pelouse (avec un tracteur), passer le débroussailleur dans tout le verger et l'oliveraie, mettre les filets pour protéger les arbustes fruitiers, collecter les oeufs des poules et les nourir, planter des légumes, faire des confitures et chutney. 


Ils gardent également les 22 lamas du fils d'Anne. Au fur et à mesure, les lamas s'habituent à notre présence, et nous arrivons aussi à les distinguer. Un jour, nous les aidons à les tondre. 

Cela fait près de deux ans qu'ils n'ont pas été tondus. Ju doit attacher leurs pattes quand je tiens leur tête et essais de les calmer. C'est John Howard, leur voisin qui vit 7km plus loin sur la route, qui s'occupe de la tonte. Pour se défendre ou par angoisse, les lamas crachent un liquide vert pestilentiel. Ensuite, la laine est récoltée pour être vendue. Il faut bien passer le balais entre deux lamas pour ne pas mélanger les teintes. 



Nous avons aussi aidé John à déplacer ses 700 moutons, qui paîtraient dans une partie de la propriété. Le plus dur a été de les faire sortir tous des champs. Pour nous remercier, John nous propose de faire un tour à bord de son avion biplace. Chacun notre tour, nous avons survolé la région pendant 30 min à 400m de hauteur. Avec sa femme Sheryn, ils ont construit eux-même l'avion. Ils ont deux pistes d'aterrissage sur leur terrain. John ne compte plus ses heures de vol et il avait souvent l'habitude de voler pour se rendre à Perth.
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Un autre jour, ils nous ont proposé de voir le déroulement de la tonte de moutons. Les sheerers peuvent tondre jusqu'à 200 moutons par jour, avec un rythme acharné. Nous avons essayé de tondre un agneau. Tous les ans, les moutons doivent être tondus. La laine est différente si elle vient du cou, du ventre ou des pattes, du derrière et du dos. La qualité de la laine est séparée en trois catégories. Le rythme est très intense et la musique hard rock à fond est source de motivation.

Au bout de trois semaines, un autre couple allemand Joseph et Tabia débarquent dans la maison. Ils n'ont pas l'obligation d'effectuer leurs jours en ferme puisqu'ils viennent en tant que touristes. Ils apportent de la fraicheur et de la détente à la maison. On se sentait très reclus de toute civilisation auparavant. Mais maintenant que nous sommes plus nombreux, les règles changent et nous devons encore plus nous investir dans la participation des tâches quotidiennes, comme faire les repas du soir. Au final, nous n'avons plus de temps à nous après le travail.


Ecrire le blog avec les mouches
Lors de mon vol avec John, nous avons survolé au dessus d'une ferme de cerises et nous savons que la saison va bientôt commencer. Anne et Jim ont déjà envoyé un de leur wwoofer dans cette exploitation de cerises. Alors, nous nous rendons chez Alice English pour voir si elle cherche des employés. Elle nous confirme qu'elle cherche deux personnes, qu'elle a déjà eu des Français l'an dernier et qu'elle en fut ravie. Elle prévoit entre 4 à 6 semaines de travail. Elle demande des références auprès de nos hôtes et accepte de nous prendre. Nous devons attendre une dizaine de jours avant le début de la cueillette. Le temps pour nous de trouver un hébergement. Nous affichons des flyers pour du house sitting (garder la maison de propriétaires en vacances) en cette période de vacances scolaires, on espère avoir nos chances. Finalement, John et Sheryn, nous proposent de dormir dans leur ancienne maison, inhabitée depuis 10 ans. On accepte bien volontiers, la maison se trouve à seulement 10 km de la ferme des cerises. On ne paye que le gaz et l'électricité.
Nous disons aurevoir à Anne et Jim, avec qui nous avons passé 5 semaines et nous déménagons chez John et Sheryn. Les allemands quittent la ferme le lendemain.


Nous mettons 2 jours à dépoussiérer les lieux et à agencer les différentes pièces. Nous sommes très heureux de notre petit chez nous. John et Sheryn sont ravis d'avoir de la jeunesse à côté de chez eux. Un dimanche matin, ils nous invitent à un entrainement de tir à l'arc, une première pour nous. Nous rencontrons Jazz et Jim, les profs du club, qui se révèlent être aussi les voisins d'Alice English. 



L'été a bien débuté, les mouches sont toujours là et les températures atteignent jusqu'à plus de 40 degrés. Le vent chaud a endommagé certaines variétés de cerises. Les cerises d'Alice sont réputées pour être les meilleures de la région. Elles sont très grosses et juteuses puisqu'elle attend le dernier moment pour les cueillir, au risque de perdre sa récolte à cause d'intempéries ou de trop fortes chaleurs. L'an dernier, elle a perdu une grande partie de sa récolte et n'a eu aucun bénéfice. Cette année s'annonce meilleure. 
Généralement, nous cueillons les cerises le matin à l'aide d'un sceau devant nous. Les arbres ne sont pas trop haut, par contre il faut s'accomoder des centaines d'araignées dans les arbres. L'après-midi nous les trions une par une et ce n'est seulement qu'à la veille du marché d'Albany, que nous les emballons. Alice nous laisse manger autant de cerises qu'on veut. Nous n'avons jamais mangé d'aussi bonnes et grosses cerises. 
La première variété que nous récoltons est Merchant, puis, Vista, Noir de Gubens, Lapins et Angela. Nos préférés étaient les Vans mais elle n'avait pas assez de fruits pour les vendre. Les Simone ont malheureusement souffert de la chaleur, ce qui équivaut à 1.5 tonnes de perte. Alice vend donc ses cerises au marché tous les samedis à Albany et au bord de la route. Le samedi avant Noël, nous l'avons aidé à son stand. 
Il faut savoir que les cerises sont des fruits de luxe (jusqu'à 20 dollars le kilo) et que les Australiens en rafolent pour les fêtes. C'est le Fruit indispensable de Noël. A 7H30, à peine installés, il y a déjà une file d'attente qui envahie toute la petite place du marché, rien que pour notre stand. En 10 minutes, nous avons vendu les 75 kilos de Premium à 20 $ et en 2h les 400 kg ont été vendus. 

Un autre couple de Taiwanais travaillent avec nous, ainsi que le fils cadet d'Alice et un de ses amis d'école. L'ambiance est très détendue et Alice nous chouchoute vraiment. On a le droit à des glaces l'après midi quand il fait trop chaud. Elle est très généreuse, elle nous a donné un bonus pour Noêl et nous a offert un diner tous ensemble dans un des meilleur restaurant d'Albany à la fin de la saison. Elle répétait qu'on était le best crew et elle nous faisait assez confiance pour nous laisser gérer le verger pendant 2 jours lorsqu'elle est montée sur Perth, chose qu'elle n'a jamais fait auparavant. 

Un jour nous avons fait les Jeux Olympiques des Cerises. Nous nous sommes prêtés au jeu. Comme une cérémonie officielle, les 3 équipes ont du chanter leur hymne nationale : Taiwan, Australie et France. Les épreuves étaient : le crachat de noyau, la pesée à l'aveugle, faire rouler une cerise jusqu'au bout d'une table sans qu'elle ne tombe par terre, le lancer de précision dans un bol, faire la plus haute tour de cerises. Après avoir vu les photos sur Facebook, une journaliste de la radio ABC a contacté Alice pour une interview. Comme quoi, il en faut peu pour faire la Une en Australie. 


Lorsque nous finissons la récolte des cerises, nous proposons à John et Sheryn de garder leur ferme pendant leur absence de 10 jours. Nous devenons alors responsables de 1200 moutons et agneaux, 200 vaches, deux lamas et de Tobi, le chien de la ferme. Julien apprend à conduire les tracteurs pour nourrir les animaux avec la paille. Tous les deux, sur notre quad, nous nourrissons les moutons mâles avec du lupin. 


Nous devons déplacer une centaine de nouvelles vaches, deux kilomètres plus loin dans la propriété. Et plusieurs fois, nous devons également déplacer les brebis d'un champ à l'autre. La première fois, nous avons mal géré notre coup et avons laissé de côté 7 moutons. Après une couse poursuite, un seul est resté du mauvais côté de la barrière. Il a surement du rejoindre ses copains pendant la nuit en sautant par dessus. Nous avons bien aimé l'expérience pendant ces dix jours et Tobi nous a montré qu'il pouvait courrir plus vite que le quad.

Avant que John et Sheryn partent de la ferme, et pendant que Julien donne à manger avec le tracteur pour la première fois tout seul, John me propose de voler avec lui. Le temps est clair et dégagé, il y a peu de vent ce matin. Nous montons dans l'avion et nous commençons à décoller. L'avion prend de l'altitude au dessus de la ferme et continue son virage jusqu'à ce que je vois de loin, Julien dans son tracteur. Soudain, à une minute du décollage, le moteur devient muet. Plus aucun son. L'avion se met à planer. Au départ, je pense que John veut me faire une blague. Puis, il me dit qu'il y a un problème. Je le sens tendu et concentré sur son pilotage. Heureusement, la piste d'aterrissage n'est pas loin. L'avion continue à planer et il prend un angle parfait pour atteindre la piste. L'avion attérit avec beaucoup de vitesse mais les freins marchent heureusement. Lorsque je sors de l'avion, les jambes tremblantes, je cours vers Julien, heureuse d'être en vie, je m'effondre. Le tuyau d'arrivée d'essence s'était débranché en plein vol et donc le moteur n'était plus alimenté. Toute la journée, j'étais en état de choc.

Les péripéties continuent lorsque nous faisons réviser la voiture pour la première fois avant de quitter Mount Barker. Le garagiste nous annonce, qu'après avoir changé l'huile, il a découvert que le moteur était foutu. Nous devons le changer le plus rapidement possible sinon la voiture peut nous lacher à n'importe quel moment. Le garagiste lui même ne souhaite pas faire la réparation. Il nous renvoit vers un garage à Albany, à 60 km. Nous nous rendons là bas et le garagiste nous renvoit chez un autre, qui lui, possède un moteur d'occasion. Nous faisons marcher l'assurance incluse dans l'achat du véhicule auprès du Car Dealer. L'assurance nous couvre les 1000 premiers dollars. A nous de payer les 600 restants. Nous avions préféré acheter la voiture chez un car dealer pensant qu'il serait plus sérieux qu'un backpacker. Au final, il s'avère que le car dealer aurait mis un additif à l'huile pour cacher le bruit suspect du moteur. On ne peut malheureusement pas se retourner contre lui, car le prix d'achat était inférieur à 3500 AUD. Donc on n'avait pas le choix, soit abandonner la voiture, soit la réparer. Nous avons perdu une bonne semaine dans l'histoire, le temps que nous voulions consacrer à Esperance. Alice nous a bien aidé en nous prêtant sa deuxième voiture pour nous déplacer, une belle volvo puissante avec intérieur cuir, le luxe...

Nous sommes un peu tristes de quitter la région car nous y avons fait de très belles rencontres. Les gens sont attachants et toujours prêts à nous aider. Nous avons également fait la connaissance de Louise, une Française de notre âge, qui s'est installée ici avec son mari Australien Tim et ses deux enfants. Tous les deux travaillent dans le secteur viticole. Nous avons été très bien reçus chez eux et ce fut un plaisir de rencontrer des jeunes de notre âge. La voiture enfin réparée, nous quittons Mount Barker pour chercher du travail plus vers l'Ouest. 

7 commentaires:

audrey L a dit…

Haa tu as de l'avenir dans la photographie de portraits de Lamas je trouve :)

Anonyme a dit…

Drôle de moustiquaire vous étiez obligé de garder ça sur la tête ?Belle expérience d être responsable d'une ferme de cette dimension.
ouah!quelle joli photo de couple.

Anonyme a dit…

Je trouve que c'est quand meme abuser du systeme wwoofing de vous faire travailler 7 heures par jours. Je l'ai fait aussi dans la ferme des fleurs exotiques a Darwin pendant quelques jours. Mais bon apparement ils vous ont pistonnes pour le boulot avec les cerises.
Anais

antoine a dit…

géniale encore cette expérience ! ils ont l'air terribles les habitants de cette région !
consolez vous pour votre voiture : vous avez un moteur neuf pour 600 dollars avec une facture donc vous la revendrez plus cher que ce vous l'avez acheté, enfin j'espère ! ca parrait logique ! et si ca se trouve vous vous rembourserez plus que vos 600 dépensés....

antoine a dit…

je me demande si ce n'est pas un Ulm fermé le coucou :
https://www.google.fr/?gws_rd=ssl#q=ulm+ferm%C3%A9

Doro l'exploratrice a dit…

Oui la moustiquaire était vraiment utile sinon tu es entouré de mouches très agaçante, tu les avalent même parfois... Pour la voiture, le moteur est d'occaz et pour l'instant la vente de la voiture s'annonce difficile! On va perdre de l'argent c'est sur.

antoine a dit…

ah merde....